Samedi, 19 Mars 2016, la Convention des Acteurs Non Étatiques de Guinée(CANEG) a organisé une conférence de presse sur le thème : conditions et modalités de déroulement d’une manifestation utile et non violente en République de Guinée.
Le Docteur Sékou Goureissy Condé, Directeur de African Crisis Group et Président de la CANEG a, d’entrée de jeu, expliqué la démarche qui a conduit la plate-forme qu’il dirige à s’interesser sur le rôle des acteurs de la société civile à la construction de la paix dans les pays en situation de crise ou de conflits.
Partant de l’exemple du Burkina qui a connu deux crises notamment celles liées à la tentative de modification de l’article 39 de la constitution et du coup d’état militaire qui a failli remettre en cause la transition démocratique dans ce pays, Dr Sekou Goureissy Condé a ressorti avec éloquence les actions menées par les jeunes, les femmes, les organisations réligieuses, les acteurs politiques, les plate-formes de la société civile pour s’opposer à toutes les formes de confiscations et d’etouffement de la voix du peuple burkinabé.
Revendiquant une identite panafricaine, le conférencier a expliqué à l’auditoire les actions mutuelles qui s’opèrent entre les organisations de la société civile africaine et internationale dans la résolution des crises transfrontalières à travers des rencontres et les foras de discussion sur les grands enjeux politiques, économiques et socio-culturels,
Revenant au cas de la Guinée, Dr Condé a narré les actions que son ONG mène sur le terrain depuis 2011 auprès du gouvernement guinéen, des acteurs sociaux et politiques pour la résolution des crises auxquelles le pays est confronté.
Usant de son carnet d’adresse et de son dégré d’audience auprès des leaders politiques, l’ancien Ministre de la Sécurité sous le régime de Lansana Conté profite de ses atouts pour alerter l’opinion publique sur les dangers des démarchers des politiques en termes de bilan négatif au lendemain des manifestations qui, souvent dégénérent sur des affrontements violents et qui sont souvent accompagnées par des cas de morts d’hommes.
Regrettant cet état de fait, le Docteur Goureissy Condé et son organisation se sont posés la question suivante : pourquoi toute manifestation préalablement autorisée débouche sur des actes de violences ?
Pour répondre à cette question, le président de la CANEG souhaite organiser une rencontre au palais du peuple le mercredi 23 mars 2016 qui regroupera les acteurs politiques et sociaux, le gouvernement guinéen et les représentants des Institutions Républicaines pour la mise en place d’un Conseil National de Dialogue Permanent qui sera chargé de recevoir et d’étudier les revendications de l’opposition afin de trouver les voies et moyens devant aboutir à leurs résolutions.
Cependant, si l’idée de création d’un conseil chargé du dialogue permanent est nécessaire, bon nombres de participants à la conférence s’interrogent sur les risques de conflits de compétences qui pourraient germer car selon la constitution guinéenne du 7 Mai 2010 en son article 58, « Le Premier Ministre est responsable de la promotion du dialogue social et veille à l’application des accords avec les partenaires sociaux et les partis politiques ».
Par ailleurs, d’autres observateurs présents à la conférence estiment que l’action de la CANEG pourrait être un moyen d’empêcher l’opposition d’organiser des manifestations sur les voies publiques car l’ultimatum relatif aux révendications qu’elle a donné au gourvernement expire le 20 mars 2016.
Toutefois, à l’état actuel des choses et avec deux accords politiques signés et non respectés, il y a peu de chance de voir l’opposition rénoncer à son droit constituionnel de manifester malgré qu’elle est en recomposition depuis la fin de l’élection présidentielle du 11 Octobre 2015,
Il faudrait aussi attendre dans le contexte actuel que le gouvernement refuse de réagiir favorablement à l’appel de l’opposition guinéenne, chose qui pourrait durcir la crise politique et sociale en cours dans le pays.
Néanmoins, comme il est de coutume au lendemain de chaque crise en Guinée, des personnes de bonnes volontés ou des envoyés spéciaux de l’ONU pourraient attérir à Conakry pour ramener les acteurs politiques autour de la table pour la signature d’un n ième accord.